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La petite histoire de Grosbreuil (suite)

 Si beaucoup de ces métiers officiellement pratiqués ont disparu, d'autres coutumes ressurgissent en cachette et l'on peut apercevoir, certaines nuits d'hiver, la lumière briller fort tard dans certaines chaumières, des doigts agiles tressant d'admirables objets de vannerie.

Dans la nuit du 31 décembre de chaque année, les conscrits passent de maison en maison, de ferme en ferme, de village en village, en chantant une complainte traditionnelle nommée "Au gui l'an neuf", afin de recevoir en échange une obole dont le montant dépend du bon vouloir de chacun. Voici le texte le plus ancien de cette complainte :

"Réveillez-vous curs endormis chette netaye

Réveillez-vous coeurs endormis cette nuit

Tenez le cur de Jésus-Christ dans vous pensaies

Tenez le coeur de Jésus-Christ dans vos pensées

Y veu souhaitons la boune annaye, dounez-nous donc la djilan nu.

Nous vous souhaitons la bonne année, donnez-nous donc le gui l'an neuf.

La djilan nu a lé là-hout à la fenêtre

Le gui l'an neuf est là-haut à la fenêtre

O l'est un petit chevou blanc sans queue ni tête

C'est un petit cheval blanc sans queue ni tête

Les quat' petits fers to nu, dounez-nous donc la djilan nu.

Les quatre petits fers tout neuf, donnez-nous donc le gui l'an neuf.

Lé tchusinières de la maison troussez vous manches

Les cuisinières de la maison, remontez vos manches

Cherchez-y dans le charnaye, le lard y trempe

Cherchez-y dans le charnier, le lard s'y trouve

Tâtez-y haut, tâtez-y bas, dounez-nous en un grous morcia.

Tâtez-y haut, tâtez-y bas, donnez nous en un gros morceau.

Si veu v'lez, amenez-nous la feuille ainaye

Si vous voulez, amenez-nous la fille aînée.

Ché la qui met le pot au fu to le long de l'annaye

Celle qui met le pot au feu tout au long de l'année

Y li souhaiterons la boune annaye ; dounez-nous donc la djilan nu.

Nous lui souhaiterons la bonne année ; donnez-nous donc le gui l'an neuf.

Si veu v'lez rein nous douner y veu ferons dommage

Si vous ne voulez rien nous donner, nous vous ferons des bêtises

Y érons dans vous vergers, dans vous potagers,

Nous irons dans vos vergers, dans vos potagers

Y lé sem'rons parmi lé rues ; dounez-nous donc la djilan nu

Nous les sèmerons parmi les rues : donnez-nous donc le gui l'an neuf.

Si veu v'lez rein nous douner, ne nous fait poit attendre,

Si vous voulez rien nous donner ne nous faites point attendre,

O n'a un p'tit vent d'bout qui buffe entre lé jambes,

Il y a un petit vent debout qui souffle entre les jambes,

Y l'y répond per le milieu : dounez-nous donc la djilan nu.

Donnez-nous donc le gui l'an neuf."

Avant les fêtes pascales, ne soyez pas surpris de voir venir frapper à votre porte les enfants de choeur de la paroisse, ceux-ci procèdent simplement à la collecte annuelle des "oeufs de Pâques". Comme les Rois offraient le gâteau, Pâques prodigue les oeufs. La coutume, qui remonte au Moyen Age, n'est qu'une adaptation chrétienne. Emblème du principe de toutes choses, symbole de fécondité et d'éternité, l'oeuf eut son culte au plus vieux temps.

Une tradition aujourd'hui perdue, voulait que le chantre et le sacristain de notre paroisse passent de ferme en ferme pour ramasser un boisseau de blé, ce qui leur constituait un complément de ressources. Cette tradition du "boisselage" s'est perpétuée jusque dans les années 1930.

Nous terminerons le rappel de ces fêtes et coutumes en regrettant qu'il n'y ait plus, suspendu à la porte de nos cafés, ce bouquet de houx que l'on voit encore orner les maisons où l'on vient de célébrer un mariage, ce houx, symbole de bonheur et d'immortalité.

F I N

Retrouvez prochainement quelques anciennes vues de la commune.

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